En septembre, l’annonce du projet de Mc Donald’s à Espalion a suscité chez moi un profond découragement, proche de la résignation “Non… pas ici, pas chez nous!”

Je suis mère de 2 jeunes de 13 et 17 ans et depuis leur naissance, leur père et moi, nous nous sommes questionnés naturellement, au fil des innombrables choix éducatifs qui peuvent se présenter aux parents (réseaux sociaux, alimentation, études…) et plus largement, sur les valeurs que nous voulons leur transmettre.

Comme beaucoup de personnes, nous nous sommes arrêtés à un Mc Do sur la route des vacances, parce que c’est pratique, ou à Rodez un jour de pluie pour qu’ils puissent jouer à l’abri mais là n’est pas le problème…

Pourquoi, est-ce que je n’arrive pas à me dire qu’un Mc Do à Espalion n’aura aucune conséquence sur l’avenir de mes enfants et des jeunes en général? Qu’est-ce qui différencie le Mc Do d’Agde et celui d’Espalion?

Posée ainsi, j’ai la réponse à ma question: elle réside dans mon profond attachement à ce petit bout du Nord-Aveyron, déserté autrefois et souvent à contre-coeur par ses habitants, qui a
retrouvé un essor culturel, gastronomique, touristique, économique à force de travail mais aussi grâce à des choix individuels et collectifs courageux et des engagements éclairés par un seul moteur: l’amour pour ce pays.

Ensuite, on pourrait se retrouver autour d’une table et chercher les mots qui, instinctivement, nous viennent à l’esprit pour décrire le Nord-Aveyron: authenticité, nature, cuisine, proximité,
architecture, aligot, Aubrac, tourisme, bien-vivre, bien-manger, famille, burons, solidarité…

Je n’y vois aucune trace des valeurs d’une des plus grandes multinationales d’aujourd’hui, qui a fait sa fortune en pratiquant la standardisation des goûts et des modes de management, la rationalisation de ses sources de production jusqu’à la fabrication de ses produits (quelques secondes de gagnées en 10 ans pour un hamburger!), l’optimisation et l’évasion fiscale, la valorisation du jetable même si l’emballage a pris les couleurs du recyclable… la liste est longue et disponible en un clic!

Des commerces de bouche, fast food ou pas, nous en avons plusieurs à Espalion pour tous les goûts, pour toutes les bourses, fixes ou forains, de qualité inégale c’est inévitable mais tous ont en commun d’être des commerces de proximité qui établissent un lien direct entre le vendeur, le produit et l’acheteur… et bien au-delà, un lien social dont on a vu combien il était indispensable et fragile ces derniers mois…

D’autres questions me viennent à l’esprit:
Qui aura les reins assez solides pour résister à la prochaine crise économique et/ou sanitaire?
Et pour finir, si je devais dessiner mon coin d’Aveyron dans 10 ou 20 ans, à quoi ressembleront les entrées de ville d’Espalion? Et son centre-ville?

Alors voilà, en tant que citoyenne, mère de famille, aveyronnaise, je le sais du fond du coeur : je ne veux ni Mc Do, ni Burger King, ni KFC dans ma ville ou autour, je veux continuer d’être une consomm’actrice en achetant local et varié et ne pas devoir répondre un jour à mes enfants:
“Comment c’était avant le Mc Do?”


Une mère de famille d’Espalion